ITW : Bouchra Jarrar, de Lanvin à la photographie
Bouchra Jarrar, ancienne directrice artistique de Lanvin, nous propose aujourd'hui une nouvelle approche du corps avec sa première exposition personnelle de photographies, "Libertés", à la galerie Cinéma.
Première parution France Culture
Bouchra Jarrar, le bon et le beau ...
De Jean-Paul Gaultier à Balenciaga, de sa propre marque à la direction artistique de la maison de haute-couture Lanvin, Bouchra Jarrar se dirige aujourd'hui vers une nouvelle forme d'expression artistique qui l'a cependant accompagnée toute sa vie, la photographie.
La styliste est l'invitée d'Olivia Gesbert à l’occasion de l’exposition Libertés à la Galerie Cinéma à Paris, jusqu’au 27 juillet. Elle y présente ses photos de personnalités engagées, des réalisateurs Ladj Ly, Maïwen ou encore Costa Gavras, à l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira.
C'est l’occasion de revenir sur ses convictions propres, derrière la caméra ou dans l’atelier des maisons de couture pour lesquelles elle a travaillé.
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Extraits :
“J'avais envie d’exprimer quelque chose d'artistique, pour évoquer le thème de l'engagement de ces personnes qui sont engagées dans la société par leurs propres métiers. J'aime leurs voix, j'aime leur parole. Ce qui les unit aussi, c'est leur parcours : ce sont des gens qui se sont faits tout seuls. “
“Il y a deux choses très importantes, et qui doivent être la préoccupation de chacun. C'est l'importance qu'on doit accorder à l'enfance et à l'éducation nationale, ainsi qu'à la culture : la culture permet l'ouverture. On ne le dit jamais assez et on la met toujours de côté. Ce qui est formidable chez Ladj Ly c'est qu'il a fait de son espace de vie son espace artistique et visuel, qui est devenu un témoignage ; C'est sa seule préoccupation et son seul sujet, et il réveille les consciences. Son engagement est complètement intégré à ce qu'il fait et je trouve ça extrêmement touchant.”
“La photo, en tant que styliste, je l'utilisais comme un outil technique, un support qui allait me permettre une distance par rapport à ce que je réalisais. En mode, je ne dessine qu'une fois le vêtement fait. Je fais certes tous mes brouillons, mais j'ai besoin d'être en contact avec la matière et jet travaille en volume autour du corps. La photographie me permettait de réaliser des "plans-séquences" et d'étudier chaque courbe du vêtement pour pouvoir l’expliquer ensuite à mes ateliers. “
“J'aurais adoré créer les costumes d'India Song de Marguerite Duras, tout comme j'aurais adorer la rencontrer. C'est fascinant, cette immense artiste qui ouvre l'espace et qui vous amène le temps de son oeuvre dans un imaginaire. C'est bon, parfois, de se déconnecter de la réalité et de plonger dans l'univers d'un artiste. India Song m'a complètement submergée de cette émotion, de cette fragilité.”
par Olivia Gesbert et Benoît Bouscarel