Bouchra Jarrar quitte déjà Lanvin
Chez Lanvin, les mannequins ne sont pas les seuls à défiler. Après Alber Elbaz, c'est au tour de la créatrice Bouchra Jarrar de s'éclipser de la direction artistique de la vénérable marque.
Première parution Télérama
Mais que se passe-t-il dans la plus ancienne des maisons de mode ? En octobre 2015, Alber Elbaz était débarqué du jour au lendemain de Lanvin après quatorze ans de direction artistique. Et voilà que Bouchra Jarrar, qui lui a succédé en mars 2016, décide de partir à peine plus d’un an après son embauche, d’un commun accord avec la direction, et quelques jours après avoir été nommée officier des Arts et des Lettres.
Depuis plusieurs mois, la créatrice insistait dans la presse étrangère sur le soutien indispensable à la réussite de son travail. Elle avait été choisie pour l’élégance de son style et sa capacité à traiter le prêt-à-porter avec la même exigence que la haute couture, mais, malgré le succès médiatique de ses premières collections au romantisme rock, elle ne semble pas avoir eu le temps de rétablir un chiffre d’affaires en baisse depuis 2013.
Lanvin va mal, et on ne voit pas comment la vénérable marque pourrait se passer d’un plan de relance, déjà réclamé par Alber Elbaz. En 2015, au moment de son départ, les syndicats, très inquiets, avaient dénoncé le mauvais climat social et l’absence de vision à long terme. Le message semble en partie avoir été compris, puisque les actionnaires, dont la femme d’affaires taïwanaise Shaw-Lang Wang, viennent de se décider à recapitaliser l’entreprise.
Mais Lanvin est aujourd’hui un navire sans capitaine, géré en dépit du bon sens, « une maison de fous », disent même certains observateurs. Quant à Bouchra Jarrar, on peut penser que la créatrice, qui défendait une conception apaisée de son métier, éprouve un certain soulagement. Aucune décision n’est prise pour la suite de son parcours. Et les têtes continuent à valser dans la mode parisienne…
Par Xavier de Jarcy